Deux jours de randonnée : d’Erquy au cap Fréhel, la côte à grand spectacle (2025)

Carnet de route
Difficulté : moyen
Durée : deux jours
Distance : 44 km
Cartes Topo-guide : Côte d’Émeraude, FFRP. Cartes IGN au 25 000e 916 ET et 1016 ET
Accès Itinéraire compatible, durant les vacances scolaires d’été uniquement, avec le réseau de transports départemental Tibus, ligne 2. Laisser la voiture à Port-à-la-Duc et prendre le car (arrêt signalé par panneau) jusqu’à Erquy-bourg ou Caroual, début de la randonnée.

Deux jours de randonnée: d’Erquy au cap Fréhel, la côte à grand spectacle (1)
  • Premier jour : d’Erquy à Pléhérel-plage

  • Durée : 5 h 30. Distance : 22 km

    Il faut être un randonneur fortement motivé pour, par une chaude matinée d’été, résister à la tentation : la plage du bourg, à Erquy, arc de cercle protégé des vents d’ouest par la pointe rocheuse de la Houssaye, promet bien des joies à l’amateur de baignade. Mais il y aura d’autres occasions, au fil d’un parcours somptueusement côtier, de s’accorder une pause bénéfique et rafraîchissante.

    D’ailleurs, pour apprécier les lieux dans toute leur splendeur, c’est près de la plage de Caroual, un peu plus au sud, que l’on aura chaussé les godillots : le GR 34 longe cette immense plage familiale propice aux sports nautiques et s’élève vers un belvédère où les automobilistes eux-mêmes ralentissent un instant l’allure. Il y a de quoi : depuis l’îlot du Verdelet, face au Val-André, jusqu’au cap d’Erquy, le panorama, pour peu qu’il soit baigné d’un peu de soleil, a une opulence méridionale, et l’on peine à croire que là-bas, de l’autre côté de la baie, la cité laborieuse de Saint-Brieuc vaque à ses occupations ordinaires.

    Le GR34 longe cette immense plage familiale.

    À l’extrémité nord de la ville, le port de pêche, voué l’hiver à la capture de la coquille Saint-Jacques, qualifiée « d’or de la baie », est l’un des plus actifs de Bretagne. Un escalier de bois dominant la criée avait été dressé début 2016 contre la falaise. Il offrait aux promeneurs un raccourci un peu vertigineux vers les lacs Bleus et le cap.

    Vers les lacs bleus

    Hélas, un éboulement avait détruit l’ouvrage et imposait un long détour. Après plusieurs mois de travaux de sécurisation, la liaison port-lacs est enfin rétablie, grâce au nouvel escalier, modifié et raccourci, qui s’élève à proximité de la maison de la Mer. Les lacs Bleus, autant le savoir à l’avance, ne portent pas très bien leur nom. Le chemin s’insinue entre falaise et excavations en chapelet couronnées d’une abondante végétation, et les insondables eaux sombres de ces anciennes carrières de grès présentent un saisissant contraste avec le turquoise ou l’émeraude qui scintille à bâbord.

    Le site est d’une austère beauté. De là furent extraits, jusque dans les années trente, les pavés de nos grandes villes. Le cap d’Erquy, sauvage et désert aujourd’hui, fut le refuge de populations celtes, puis gallo-romaines, comme en témoignent des vestiges encore décelables sous la lande, nommés fossé Catuélan et camp de César.

    L’anse de Port Blanc se dévoile

    À la redoutable pointe des Trois Pierres, un four à boulets bien conservé pique la curiosité des passants. Aucun navire ennemi, dit-on, n’eut jamais à subir le feu de ses projectiles portés au rouge. En contrebas d’un ancien corps de garde, l’anse de Port Blanc laisse encore voir la cale et l’abri en béton délabré d’un canot de sauvetage. Passé la pointe aux profondes échancrures qui dégringolent en chaos dans la mer, la côte regarde vers le nord. Le sentier doit composer avec un relief capricieux, au détriment de la ligne droite. La longue plage de Lourtuais, prisée des naturistes l’été, puis celle du Portuais, hérissée de cailloux roses, sont de vrais rêves de Robinson. Mais l’isolement des lieux invitera les baigneurs à la prudence. Plage du Guen, on est tout surpris de découvrir dans ces solitudes le hameau privé de Lanruen et, dans l’ancienne carrière de la Fosse Eyrand, un centre de vacances.

    Plantée comme un décor de cinéma sur des dunes arasées, la station déroute un peu.

    L’îlot Saint-Michel coiffé de sa chapelle devient le point de mire du randonneur, qui bute bientôt sur le port d’échouage des Hôpitaux. De là, pour gagner l’étrange station balnéaire de Sables-d’Or-les-Pins, sortie de nulle part vers 1920, deux options : le GR, qui contourne une zone marécageuse par le pont des Marais, ou, à marée favorable, la traversée par l’estran, beaucoup plus directe. Larges avenues, places immenses, maisons néo-normandes imposantes, casino monumental…

    Plantée comme un décor de cinéma sur des dunes arasées, la station déroute un peu. Mais cette “vastitude” se laisse apprivoiser et a pour corollaire l’immensité blonde de la plage, prolongée par sa flèche dunaire. Le sentier s’écarte ensuite d’une importante carrière littorale. Et voici Pléhérel-Plage, porte du cap Fréhel. La similitude entre les deux noms n’est pas fortuite, le second étant probablement une contraction du premier. Mais attention à ne pas froisser les susceptibilités : c’est sur le territoire de Plévenon que se trouve aujourd’hui le cap Fréhel, tandis que l’ancienne Pléhérel, dont le bourg a été reculé dans les terres en 1870, a adopté, au grand dam de sa voisine, le nom officiel de Fréhel, après trente ans d’une union mouvementée des deux communes, rompue en 2004 !

    Découvrez l’univers du photographe Alexandre Lamoureux

    Sur le chemin
    Auberge L’Air de Vent, Pléhérel-Plage. Table d’hôtes possible.
    Chambres d’hôtes, la ferme de Resnel, chemin du Tertre Guihan, Pléhérel-Plage Camping du Pont de l’Étang, Pléhérel-Plage
    Restaurant le Petit Bouchot à Pléhérel-Plage

  • Deuxième jour : de Pléhérel-plage à Fréhel

  • Durée : 5 h 30. Distance : 22 km

    L’ancienne église paroissiale du Vieux-Bourg, ou Pléhérel-Plage, domine la séduisante anse du Croc, que prolonge la Grève d’en Bas, royaume des surfeurs. La crique de la Fosse, lovée entre deux avancées rocheuses, est une merveille que l’on ne se lasse pas d’admirer. Derrière le moutonnement vert, or et mauve de la lande, le sentier en balcon dévoile, à chaque tournant, des anses inaccessibles et fascinantes, bordées d’écume bouillonnante et d’outremer profond, au pied de murailles naturelles vertigineuses.

    Au cap, la tour Vauban de 1701, désaffectée, et le phare de 1950, en service, semblent surveiller le stationnement des automobiles autant que le trafic maritime.

    Il faut résister à l’envie de franchir le simple fil de fer qui matérialise le sentier : la survie du milieu est au prix de ce léger sacrifice. Hélas, le parcours est parfois jalonné de petits papiers blancs ou roses qui ne doivent rien à la poésie d’une chanson douce. Ceux qui tracent ce honteux fil d’Ariane n’ont pas appris à enfouir sous un peu d’humus ce qu’ils désignent sans vergogne à l’attention des passants… Au cap, la tour Vauban de 1701, désaffectée, et le phare de 1950, en service, semblent surveiller le stationnement des automobiles autant que le trafic maritime. Les deux édifices peuvent être visités. Le premier présente d’intéressantes expositions, et le second offre une vue saisissante… du haut de ses 145 marches. Plus bas, des piliers de grès rouge forment un cadre photographique admirable, pour peu qu’un voilier et un goéland veuillent bien s’y donner rendez-vous.

    La grande anse des Sévignés appréciée des plaisanciers

    De l’ancien restaurant La Fauconnière, racheté par le Conservatoire du littoral, ne reste qu’une terrasse d’observation sur le piton rocheux du même nom, couronné de blanc par les milliers d’oiseaux marins qui l’habitent. Mouillage apprécié des plaisanciers, la grande anse des Sévignés, au bout de laquelle se dessine la silhouette massive du fort la Latte, campé sur son promontoire, est un régal pour les yeux.

    Un entrepreneur de carrière dut trouver autrefois les lieux plus amers, lorsqu’une tempête emporta la plateforme « insubmersible » qu’il avait érigée sur un rocher isolé, entraînant la faillite de son entreprise. À la pointe de la Latte, l’ancien château de la Roche Goyon surgit soudain derrière l’écran vert d’un talus. Avec ses 650 ans d’histoire, ses ponts-levis, ses remparts, son donjon, ses cours intérieures dévoilant des perspectives époustouflantes, la forteresse, toujours propriété de courageux particuliers, mérite une visite détaillée. Mieux vaut s’y consacrer un autre jour. Le dernier tronçon du parcours se déroule dans un sous-bois somptueux, mais qui ménage peu d’échappées vers la mer.

    Aujourd’hui, les marécages et les prés-salés sont le domaine des oiseaux migrateurs.

    La baie de la Fresnaye dévoile à marée basse ses bouchots à perte de vue. Il ne faut donc pas trop compter sur la plage de Château Serein pour une baignade délassante, mais le petit havre de Saint-Géran offre une halte agréable. Après la traversée du village de Grand Trécelin, aux belles maisons de granit, le Port-Nieux, voué aux activités conchylicoles, ne présente pas grand pittoresque. Le piéton doit s’accommoder du trafic automobile sur la petite route qui conduit à Port-à-la-Duc, terme du périple.

    Le site ne manque pas d’une grandeur un peu mélancolique. Il connut une intense activité de cabotage, mais aujourd’hui les marécages et les prés-salés sont le domaine des oiseaux migrateurs. Les pèlerins nordiques se rendant à Saint-Jacques de Compostelle y étaient accueillis au Moyen-Âge par des templiers. Quoique plus récentes, les maisons qui défient le temps sur la petite route de Crissouët méritent bien un dernier détour.

    Cet article est paru dans le Bretagne Magazine hors-série randonnées (été 2020).

    Ça vaut le détour !
    - Les phares du cap Fréhel : visite du phare payante
    - Fort la Latte, Plévenon : ouvert une grande partie de l’année

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